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Portrait inspirant #3 – Marion de La Forest Divonne, coach professionnelle

Après deux reconversions professionnelles à seulement 32 ans, Marion de La Forest Divonne a enfin trouvé le métier pour lequel elle était faite : celui de coach professionnelle. Elle partage avec nous son parcours et ses choix, et la belle façon dont son « moi » personnel et son « moi » professionnel se sont réconciliés.

Interview Marion de La Forest Divonne, coach professionnelle

Quel a été votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?

Marion – Après un bac littéraire, mon orientation a été assez hasardeuse. Comme mes parents partaient en expatriation en Italie après mon bac, et comme j’avais un an d’avance et que je suis d’origine italienne je trouvais ça sympa d’aller faire une gap year en Italie. Je me suis donc inscrite à la fac à Milan et j’ai fait une année de fac dans un cursus qui mêlait profil littéraire et entreprise. Pour des raisons personnelles j’ai ensuite dû rentrer en France après cette année-là, or, quand on n’est pas bachelier de l’année on a beaucoup moins d’options. Moi qui pensais normalement après le bac à des filières comme le droit ou une prépa Science Po, je me suis plutôt retrouvée face à des options d’écoles privées et, sans doute par souci d’être généraliste, j’ai dû me dire que j’allais faire une école de commerce.

J’aurais dû, à l’époque, identifier que ce n’était pas la chose la plus adaptée pour moi, je sentais que ça ne me correspondait pas à 200 %. Je me suis donc orientée vers ce qu’il y avait de moins commercial et de moins financier dans une école de commerce, c’est-à-dire le marketing ! J’étais assez attirée par le secteur du luxe et de la mode, mais j’ai eu du mal à trouver un job après mes études parce que le milieu du luxe était quand même assez bouché et le marketing aussi. J’ai finalement trouvé un poste en tant que responsable commerciale, ce qui quand on me connaît est une aberration totale puisque moi et la vente, ce n’est pas une grande histoire d’amour… Mais comme en six mois on ne m’avait proposé que ça, je n’allais pas refuser. J’y suis restée deux ans, puis je suis partie. Je me suis dit que je serais plus heureuse en créant ma boîte, et c’est là où j’ai commencé à créer avec une amie une marque de maroquinerie. J’ai fait une première reconversion à ce moment-là puisque je suis devenue indépendante.

Tu n’es pas du tout là où tu dois être.

Marion – Ça a duré huit mois, je sentais que je n’étais pas à ma place. Mon amie avait un profil artistique et elle s’occupait donc de la création, de trouver les tissus, etc., et moi je n’avais qu’une envie, c’était de faire ce qu’elle faisait. Ça ne me faisait pas vibrer de travailler sur le business plan, sur les études de marché, la rentabilité. Quand on faisait des rendez-vous avec des fournisseurs potentiels, il y avait une petite voix au fond de moi qui me disait « tu n’es pas du tout là où tu dois être ». J’ai eu un déclic en rentrant de vacances. Alors que j’avais embarqué un prototype de sac avec moi pendant l’été, à aucun moment je n’ai eu envie de le montrer à ma famille ou à mes amis. Je me suis dit « ce n’est pas normal ». J’ai réalisé que ce n’était peut-être pas fait pour moi, et c’est à ce moment-là que j’ai préféré dire à mon amie que je m’arrêtais là. J’ai fait un point sur moi-même et je me suis demandée ce que je voulais vraiment faire de ma vie.

Grâce à une introspection et à un coaching, j’ai identifié que j’étais beaucoup plus faite pour les relations humaines, pour accompagner les autres, c’est comme ça que je suis devenue coach. Aujourd’hui, je suis coach depuis 3 ans, j’ai monté ma structure, je me suis formée. En cheminant, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de personnes de ma génération qui traversaient le même genre de questionnements et ça m’a donné envie d’écrire un livre pour partager mon expérience de double reconvertie et mes conseils de coach.

Ce que ces coachs faisaient… ça me faisait rêver !

Quel métier souhaitiez-vous faire initialement, après une fac de droit ou Sciences Po ?

Marion – L’idée la plus prédominante était le journalisme je pense.

Ce que vous avez finalement un peu retrouvé aujourd’hui avec votre blog et l’écriture.

Marion – Absolument, j’ai toujours rêvé dans un coin de ma tête d’écrire un livre, depuis toute petite. C’est par le biais du blog, que j’ai lancé quand je suis devenue coach, que j’ai repris l’écriture. Bien plus que de la fiction, c’est ce type d’écriture-là que j’aime : journalistique, où je partage des choses que j’ai vécues, des choses qui me touchent, en amenant des anecdotes, de la théorie, des arguments…

Comment est-ce que vous avez découvert le métier de coach ?

Marion – Quand j’ai cherché à me reconvertir pour la deuxième fois, cela faisait un moment que j’avais pas mal de lectures qui tournaient autour du développement personnel. Et il se trouve qu’à cette période-là, j’ai rencontré pas mal de coachs dans mon réseau. Je me voyais vraiment à leur place. Ce que ces coachs faisaient… ça me faisait rêver !

Est-ce que les étapes et les conseils que l’on retrouve dans votre livre correspondent à ce que vous avez vécu lors de votre deuxième reconversion ?

Marion – C’est exactement ça. J’ai construit le livre en m’appuyant sur ma propre expérience, sur les questions que je m’étais posées, les doutes auxquels j’ai été confrontée, le rapport à l’argent, aux proches, les conseils que j’ai appliqués. Il se trouve qu’en interviewant d’autres personnes sur leur reconversion, ils avaient traversé les mêmes étapes que moi, donc cela fonctionnait bien comme structure pour le livre.

Ces différentes étapes de la reconversion professionnelle se retrouvent chez tous vos clients ?

Marion – Pas nécessairement chez tous, car chacun est unique ! La plupart des gens passent systématiquement par ce que je décris dans les deux premières parties du livre : identifier que l’on ne se sent pas à sa place, s’écouter davantage pour se relier à ce que l’on veut vraiment, comprendre qui l’on est vraiment, comment on a fait ses choix jusqu’ici (avec potentiellement l’influence de la famille, la société, le regard des autres, etc.). La majorité de mes clients viennent me voir en coaching à ce stade, c’est-à-dire qu’ils veulent faire le point sur leur vie professionnelle. La troisième partie du livre, qui est plus concrète et qui permet de mettre en place les choses, dépend beaucoup du projet qu’ils ont en tête. Certaines personnes vont simplement faire quelques ajustements dans leur job ou évoluer en interne dans leur société, par exemple. En coaching, certains clients ont besoin d’être accompagnés tout au long de leur transition, cela les rassure. D’autres ont des besoins plus ponctuels. Ensuite, la quatrième partie du livre traite des doutes, des peurs que l’on peut rencontrer pendant une reconversion, de l’état d’esprit à adopter pour arriver à ce que l’on souhaite obtenir. C’est un point que toutes les personnes qui se réinventent sont ravies de trouver dans le livre ! Et sur lequel j’accompagne également beaucoup de clients. Car une reconversion s’assimile souvent pour eux à un saut dans le vide.

Ce dont je suis la plus fière, ce sont les moments où j’ai des clients qui prennent conscience de quelque chose.

En quoi consiste exactement votre métier aujourd’hui ?

Marion – Mon métier aujourd’hui consiste à accompagner des personnes de façon personnalisée, pour les aider à atteindre leurs objectifs personnels ou professionnels. Par exemple : avoir davantage confiance en soi, prendre un virage de vie, faire un choix, améliorer son leadership, se reconvertir, etc. Le livre a marqué un tournant dans mon coaching, et par effet boule de neige, aujourd’hui je coache beaucoup de personnes qui se posent des questions professionnellement, et notamment des personnes de la Génération Y. En dehors de ça, je fais aussi des formations qui touchent à la connaissance de soi parce que c’est un thème que j’adore et que je trouve infini… On n’a jamais fini de se connaître !

Et vous faites aussi différents types d’ateliers, sur quels thèmes ?

Marion – J’organise ponctuellement des ateliers pour les particuliers ou pour les entreprises sur des thèmes variés. Par exemple : « mieux connaître ses valeurs », « attirer la chance à soi », « apprendre à faire un feedback », « apprendre à dire non », etc. J’organise aussi des ateliers liés à la connaissance de soi et à son type de personnalité, car je suis certifiée MBTI. En entreprise, cela m’arrive de faire de grandes sessions « personnalité » avec une autre coach pour 30 personnes !

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier de coach ?

Marion – Ce dont je suis la plus fière, ce sont les moments où j’ai des clients qui prennent conscience de quelque chose, et où d’un seul coup tout s’éclaire dans leur esprit. Ce sont des moments fantastiques. Quand j’accompagne des personnes qui sont un peu perdues professionnellement, ce sont en général des personnes qui se reconnectent à « qui elles sont vraiment ». Parfois elles sont tellement émues et heureuses qu’elles en ont les larmes aux yeux et moi c’est dans ces moments-là que je me dis « je sais pourquoi je fais ce métier ».

Est-ce qu’il y a toujours eu un changement après, pour vos clients ?

Marion – Non pas toujours, ça dépend beaucoup des profils. J’ai des clients qui opèrent des « réinventions légères » en exerçant le même métier mais dans une boîte différente. D’autres qui changent de secteur, de statut. D’autres encore qui changent de métier à l’intérieur de la société dans laquelle ils travaillent déjà. La reconversion la plus extrême consiste à changer de métier et de secteur (et de statut aussi, parfois !). Ce type de changement demande de la réflexion, du temps, et il y en a qui ont besoin de dormir beaucoup de nuits dessus. Enfin, j’ai aussi des clients qui viennent chercher de la « connaissance de soi », par curiosité. Ils veulent anticiper la suite professionnellement, mais savent au fond d’eux qu’ils ne changeront pas tout de suite. Il faut savoir accepter chaque configuration. Je suis là pour répondre à leurs attentes en fait, je ne pars pas du principe que c’est réussi quand mon client a changé, pas du tout. Pour moi, c’est réussi à partir du moment où mon client a trouvé ce qui était important pour lui dans mon accompagnement.

Interview Marion de La Forest Divonne, coach professionnelle

Est-ce qu’aujourd’hui vous vous voyez être coach pour encore plusieurs années ?

Marion – J’adore le changement, pour moi c’est hyper tentant. Je suis d’une personnalité où si je m’écoutais je ferais dix mille trucs à la fois ! Et en même temps je pense qu’au fond de moi j’ai besoin aussi de faire ce métier au moins quelques années pour m’accomplir dedans. J’ai besoin de profiter des acquis que j’ai déjà. L’air de rien, en trois ans, je me suis formée non seulement au coaching mais aussi à deux autres outils que sont le MBTI et le Strong. Des outils qui prennent du temps à maîtriser entièrement, à connaître en profondeur. En fait j’ai envie de faire au moins ce métier là cinq-six ans pour avoir tiré tous les bénéfices de ce que j’aurais appris.

Vous évoluez avec vos clients ? Vous en apprenez tous les jours ?

Marion – Totalement. Mes clients n’arrivent jamais par hasard ! D’ailleurs, on s’en amuse souvent avec certains de mes confrères coachs, en se disant que les clients que l’on suit à certaines périodes de nos vies coïncident très souvent avec des apprentissages personnels / professionnels. A mon sens, le coaching est un métier passionnant car il ouvre une perspective d’apprentissage infinie.

Il faut rêver tout en ayant les pieds sur terre.

Si vous aviez un message à transmettre, ce serait lequel ?

Marion – Mon message c’est que s’épanouir professionnellement c’est possible même quand on est jeune, et qu’il faut rêver tout en ayant les pieds sur terre. C’est-à-dire qu’il faut explorer toutes les options, il faut apprendre à bien se connaître soi-même, savoir ce dont on a réellement besoin. Il faut beaucoup écouter son cœur, son intuition. Quand je parle de garder les pieds sur terre, ce que je sous-entends c’est qu’il ne faut pas perdre de vue qu’un changement implique des efforts, du travail, parfois des sacrifices (passer moins de temps avec les siens, peut-être gagner moins d’argent qu’avant, travailler plus…). Il faut être conscient de cela. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui pensent que l’herbe est plus verte ailleurs et qui se voilent un peu la face là-dessus. La réalité c’est que quand on change, on n’a rien sans rien. Donc il faut aussi en être conscient. Il faut arriver à trouver cet équilibre et être à la fois optimiste, enthousiaste, et réaliste !

© Toutes les photos de Marion de La Forest Divonne ont été prises par Philippe Acher

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